L'éditorial de Jean-Claude Mailly,
Secrétaire général de Force Ouvrière, daté du mercredi 9 octobre
2013
Que le gouverneur de la Banque de France, M. Noyer, plaide pour une plus
grande libéralisation des ouvertures le dimanche devrait suffire à légitimer nos
positions contre le travail le dimanche.
Les chantres de l’orthodoxie
monétaire sont en effet très rigides sur le plan économique et demandent aux
autres d’être très flexibles sur le plan social.
Depuis plusieurs années
Force Ouvrière, avec deux de ses fédérations les plus directement concernées,
milite contre la généralisation/banalisation du travail le dimanche.
Nous
avons saisi le Bureau international du travail (BIT) sur la loi Chatel de 2008
autorisant les ouvertures pour l’ameublement, puis sur celle dite Mallié de 2009
pour diverses dispositions.
Pour le BIT, ces textes ne répondent pas aux besoins de première
nécessité et sont marqués par le fait qu’ils répondent surtout à des
préoccupations économiques liées à la concurrence et non à des considérations
sociales.
Pour nous, c’est clair: la fermeture doit être la règle,
l’ouverture l’exception.
Cela signifie, par exemple, qu’il faut définir
précisément les zones touristiques, qu’il faut faire sauter les PUCE (Périmètres
d’usage de consommation exceptionnel), garantir le volontariat, payer double et
prévoir du repos compensateur.
C’est ce que nous réexpliquerons avec nos
fédérations à M. Bailly, chargé d’une mission par le gouvernement.
Nombre
de médias ces derniers temps ont mis l’accent sur la grogne de salariés empêchés
de travailler le dimanche. Fort heureusement, d’autres ont aussi expliqué que
des enseignes comme Castorama et Leroy Merlin ont eu recours à la même boîte de
communication pour briefer des salariés «volontaires», qui peuvent ainsi
manifester avec des slogans initiés par celle-ci!
N’oublions pas non plus
que lorsqu’un commerce ouvre, ce sont aussi les salariés des entreprises de
nettoyage ou de sécurité qui sont obligés de travailler.
Si un jour tout
le monde devait travailler le dimanche, il n’y aurait d’ailleurs pas grand monde
dans les magasins.
En la matière comme dans d’autres, les règles doivent
être claires et respectées. Les consommateurs qui vont dans les magasins le
dimanche y vont parce qu’ils ne travaillent pas le dimanche.
N’impose pas
aux autres ce que tu ne veux pas pour toi-même!
Travailler la nuit,
travailler le dimanche, travailler jusqu’à 67 ans? Drôle de définition du
progrès!