L'éditorial de Jean-Claude Mailly,
Secrétaire général de Force Ouvrière, daté du jeudi 14 novembre 2013 .
Six cent quarante PSE sur les six premiers mois de l’année, un millier à ce
jour. L’année 2013 s’avère catastrophique pour l’emploi. En effet, les
licenciements économiques ont augmenté de 12% sur un an et 26% de ces
licenciements concernent les plus de 50 ans.
Complémentairement, les
suppressions de postes dans les administrations contribuent à ce que de nombreux
jeunes ne trouvent pas de débouchés.
Face à une telle situation, il est
indispensable de prendre le taureau par les cornes. En premier lieu, nous ne
dirons jamais assez qu’il faut changer la politique économique, tant au niveau
national qu’européen.
En France comme ailleurs, l’austérité est
suicidaire socialement, économiquement et démocratiquement.
En second lieu, s’il est indispensable que l’État ait une véritable stratégie
industrielle à moyen et long termes, il y a des urgences à traiter. Soutenir la
consommation en fait partie. Cela passe par des augmentations de salaires, un
coup de pouce au SMIC, un dégel du point d’indice dans la fonction publique et
une relance des négociations de branches sur les minima conventionnels.
En matière d’emploi, il est nécessaire de remettre en place pour les
«seniors» des mécanismes de cessation anticipée d’activité, d’instaurer un
Contrat de sécurisation professionnelle (CSP) senior de longue durée et
notamment de rétablir l’Allocation équivalent retraite. Il faut aussi
conditionner l’octroi d’aides publiques aux entreprises par des engagements en
matière d’emploi, ce qui n’est pas le cas du CICE (Crédit d’impôt compétitivité
emploi), accordé sans contrepartie ni contrôle fiscal.
Il est
inacceptable de laisser de plus en plus de salariés sur le tapis, sans
perspective d’emploi et de ressources. Rappelons, par exemple, que la durée
moyenne au chômage d’un plus de 50 ans est de 452 jours, contre 264 pour toutes
les catégories.
Il faut également que les instruments publics tels que
la BPI jouent pleinement leur rôle de soutien à l’activité économique, y compris
pour les entreprises en difficulté.
Enfin, il faut lancer le chantier de
la réforme fiscale d’ensemble avec, au centre, la remise en place d’un vrai
impôt progressif sur le revenu et s’assurer que toutes les entreprises, et
notamment les plus grandes, paient bien l’impôt sur les sociétés.
L’impôt est indispensable, il finance les services publics et contribue
à réduire les inégalités. Encore faut-il qu’il soit équitablement perçu et
réparti.
Aujourd’hui le problème n’est pas régional, il est national. En
tant que confédération libre et indépendante, nous avons pour rôle de
représenter et défendre les intérêts particuliers des travailleurs. Ce rôle est
consubstantiel de notre indépendance et de notre liberté de comportement.
Sur l’ensemble du territoire républicain, nous défendons l’emploi, les
salaires, les services publics et la protection sociale collective notamment.
Nous le faisons par la négociation et par l’action quand c’est
nécessaire, les deux étant d’ailleurs souvent liées et complémentaires. C’est
aussi pour toutes ces raisons que nous n’avons jamais été des adeptes de l’union
nationale ou régionale, qui tend à transcender ou camoufler les divergences
d’intérêts.
En France comme en Europe, il s’agit de rompre avec
l’austérité. En la matière, le rôle de notre syndicalisme est incontournable.
Nous en débattrons à la prochaine Commission exécutive.