La Conférence FO du 24 septembre a permis
d’ajuster les chiffres avec les délégués venus de toute la France pour dénoncer
les plans sociaux dans les hôpitaux.
Cette dépêche d’HOSPIMEDIA
retrace parfaitement l’expression de cette journée.
« FO Santé chiffre à plus de 3500 le nombre de postes de non-médicaux supprimés depuis début 2013 !
24/09/13 – 15h28 – HOSPIMEDIA |
Une délégation de FO a remis ce 24 septembre au
cabinet de Marisol Touraine le tableau noir financier et social de 103 hôpitaux,
pour lesquels le cumul de déficit dépasse les 900 millions d’euros et les
suppressions de postes les 3 500 depuis janvier dernier. « Attention danger ! »,
tonne le syndicat.
Ce 24 septembre à Paris, la fédération FO des
services publics et de la santé a réuni quelque 120 délégués syndicaux des
hôpitaux en difficulté budgétaire afin de dresser un bilan des déficits et des
effets des principales mesures des plans de retour à l’équilibre financier.
Ainsi, selon ces décomptes non exhaustifs menés sur 103 établissements avant
tout publics – mais aussi pour certains privés lucratifs ou non – de métropole
et d’Outre-mer, le cumul déficitaire 2013 y frôle aujourd’hui les 915 millions
d’euros*.
En retour, les mesures de redressement auraient
engendré plus 3 500 suppressions de poste. Mais, outre cette réduction des
effectifs, la « variable d’ajustement » qu’est le budget affecté au
personnel s’illustre aussi, dans le tableau effectué par FO, par une remise en
cause de jours de RTT et des règles d’avancement, une systématisation des
horaires de travail en 12 heures, le non-renouvellement des contractuels, le
non-remplacement des départs à la retraite, des fermetures de services, la
suppression de tout ou partie des crédits de remplacement, l’accumulation des
heures supplémentaires, etc.
+20% d’absentéisme sur 2008-2013
De cette liste à la Prévert, il en résulte des
conditions de travail et d’exercice professionnel encore plus dégradées qu’elles
ne l’étaient, une explosion des arrêts maladie et une offre de soins, de qualité
des soins et de prise en charge qui diminuent, clame FO. Comme le relate son
secrétaire fédéral, Didier Bernus, l’absentéisme aurait grimpé de 20% sur
2008-2013, soit l’équivalent de 10 000 suppressions de postes. Ce constat,
peut-être encore plus prégnant cette année, résulte de la conjonction de trois
éléments, note le syndicaliste : un Objectif national des dépenses d’assurance
maladie (Ondam) insuffisant, une nouvelle baisse des tarifs et une activité
stagnante, voire en légère régression. « Attention danger ! Les clignotants
sont au rouge !, s’exclame l’intéressé. La vie sociale et familiale des
agents n’est plus respectée. Ils veulent être rassurés sur leur existence, il
n’y a aucune séquestration ni violence, juste des demandes de précision sur le
temps de travail. Mais la pression sociale est devenue tellement forte qu’on se
demande parfois comment cela fait que ça ne pète pas plus… » En toile de
fond, entre autres, le récent conflit qui a secoué le CH de Montauban (lire
ci-contre).
« Les réorganisations ne vont pas changer la donne »
Face à cela, FO plaide pour un effacement de la
dette des hôpitaux (« On ne peut pas demander un retour à l’équilibre sans
abondement budgétaire« ), la fin des suppressions de postes, le respect des
règles statutaires (avancement, promotion, organisation du travail), l’arrêt de
toute délégation de tâches sans recrutement en lien avec les besoins, la
réintroduction de crédits de remplacements, ainsi qu’une réelle compensation
d’un quotidien de violence dans certains services, comme aux urgences ou en
psychiatrie. Le syndicat, qui a remis son tableau au cabinet de la ministre des
Affaires sociales et de la Santé, pointe tout particulièrement l’attitude de la
gauche qui, passée son arrivée au pouvoir, n’a aucunement remis en cause la loi
HPST ni la T2A. Et « les réorganisations ne vont pas changer la donne, car
c’est s’adapter au manque de moyens mais aucunement fonctionner mieux,
prévient Didier Bernus. Loin de l’humanisation de l’hôpital, on y fait
aujourd’hui de l’abattage ! » Et le responsable syndical de prévenir, d’ores
et déjà, que FO n’hésitera pas à construire un rapport de forces pour se faire
entendre des pouvoirs publics. »
Thomas Quéguiner
* Les chiffres de déficit mis en avant par FO
mêle, pour certains hôpitaux, déficit sur l’État prévisionnel des recettes et
des dépenses (EPRD) 2013 et déficit cumulé (notamment au CHU de Caen ou au CHU
de Martinique). En outre, certains points noirs financiers, comme le CHU de
Pointe-à-Pitre, n’ont pas été comptabilisés.
HOSPIMEDIA